Christianisme  ·  Digitalisation  ·  Religion digitale
Jean Bosco Devaux

Digitaliser les prestations spirituelles : le cas de la Paroisse de Saint François de Sales (GE)

L’Église catholique (elle n’est de loin pas la seule) s’est saisi des outils numériques et virtuels au tournant du millénaire. Vidéos, photographie, site internet, comptes facebook ou instagram, les canaux de communication se sont démultipliés au fil des années. L’Église saint François de Sales est un exemple cristallisant cette tendance propre à la « communication numérique spirituelle ».

En 2002, pour la première fois, l’Église catholique utilise l’expression « continent numérique »[1] pour parler du Net, et inaugure une réflexion qui se poursuit aujourd’hui sur les rapports de l’Église au monde numérique, du spirituel et du religieux au numérique. Depuis, nombreux sont ceux et celles qui, dans l’Église, ont contribué à développer une présence intelligente et pastorale au Net.

La paroisse saint François de Sales, à Genève, est aujourd’hui présente sur le Net par bien des voies : site internet, chaine YouTube, comptes Facebook et Instagram, Podcasts…

Comment en est-on arrivé là, et que recherchions-nous ?

La paroisse a commencé à développer sérieusement sa présence en ligne par le biais d’un site internet, crée en 2015. Le site s’est développé parce qu’une dynamique d’activité était déjà en place et continuait sa croissance. L’inverse n’aurait probablement pas été possible.

L’idée était simple : être bien accueilli·e contribue largement à une activité réussie, et à vivre quelque chose de l’expérience de Dieu et de l’Église qui nous accueille. Être bien accueilli·e commence aussi sur le Net, avec un site soigné… mais pas seulement.

Dans le rapport au digital, il a fallu se poser deux questions majeures : que voulons-nous donner à voir ? Voulons-nous que les gens restent sur le site ?

Que voulons-nous donner à voir ? Une communauté vivante inscrite dans son quartier.

Que voulons-nous donner à voir ? Une communauté vivante inscrite dans son quartier. C’est la vision portée par la paroisse, construite et véhiculée autour de cinq valeurs essentielles qui structurent aussi notre présence sur le Net : la vie fraternelle, la prière, le service, la formation et l’évangélisation. Sur le site, nous avons ainsi changé notre manière d’approcher ces sujets, jusque dans le choix des photos utilisées. Plutôt que de mettre l’accent sur les prêtres, nous avons choisi des photos où les gens sont réunis, ensemble. Parce que faire l’expérience de l’Église et de Dieu, c’est faire l’expérience d’une communauté vivante et fraternelle. Des photographes amateurs bénévoles contribuent avec talent à la qualité de notre présence sur le Net.

© Francine Guillard – Paroisse saint Francois de Sales (Ge)

Voulons-nous que les gens restent sur le site ? Non ! L’idée majeure est simple, au bout de trois clics, avoir la possibilité d’être mis en contact avec des gens de la paroisse. Il s’agit donc de passer du numérique au réel, du contact numérique au contact humain ! Saviez-vous que le mot « église », dans sa langue d’origine, le grec, veut justement dire « assemblée », ou « rassemblé » ?

La suite de la réflexion stratégique sur le site nous a conduit à identifier ce que nous souhaitions communiquer. D’évidence, nous avons souhaité permettre aux gens de pouvoir trouver rapidement ce qui est le plus régulièrement recherché : découvrir ce qui est proposé pour les grandes étapes de vie, ce qui est proposé pour les enfants, les jeunes et les adultes, ce qui est proposé en prière et formation et présenter ceux qui sont au service de la paroisse.

Dans les années qui ont suivi, la présence s’est renforcée avec un compte Facebook, principalement pour relayer de l’information.

COVID et nouveaux canaux numériques

Le Covid a provoqué une étape majeure dans le rapport de la paroisse au numérique avec la création de la chaine YouTube et la diffusion en Live de certaines célébrations. Puisqu’il était difficile voire impossible de se réunir, le numérique permettait d’apporter la célébration à la maison. Grâce au mécénat, des caméras ont été posées et les retransmissions de la messe du dimanche se font de manière totalement automatisées, jusque dans le cadrage des plans et la mise en ligne. Pendant la période du Covid, la fin de messe était aussi « virtualisée », grâce à un lien de connexion en visio pour que les gens puissent se saluer simplement. Si cette dernière forme a disparu avec la fin du Covid, les retransmissions hebdomadaires continuent. Bien des services proposent la messe en ligne. Si nous la proposons le jour même, nous n’en gardons ensuite que l’homélie qui reste disponible. Cette idée nous guide toujours : que les gens ne restent pas devant leurs écrans, mais qu’ils viennent vivre une expérience relationnelle sur place !

Les gens ne restent pas devant leurs écrans, mais qu’ils viennent vivre une expérience relationnelle sur place !

En 2022, c’est Instagram qui a été investi, avec un compte de la paroisse. L’idée était de donner à voir du beau, au travers de photos de qualité. Articulé à Facebook, Instagram est aussi devenu un lieu d’annonce des grands évènements, avec toujours cette même intuition de permettre aux gens de venir vivre une expérience, plus que de rester sur les réseaux. Pousser les informations à échelle de la ville de Genève a permis à bien des gens de pouvoir se joindre à l’une ou l’autre des activités proposées et vivre une étape spirituelle forte.

La présence sur le Net s’est récemment renforcée grâces aux podcasts et aux aftermovies. La motivation autour des podcasts était simplement de rejoindre les gens qui aiment écouter des contenus en journée. Le format souhaité était simple : court, impactant et profond. L’intuition reposait sur le concept de retraite. Habituellement, nous nous rendons dans un monastère ou un centre dédié pour vivre une retraite. En ville, et en période professionnelle, il est presque impossible de prendre ce temps. Nous avons mis en place deux retraites d’une semaine, pour l’Avent et le Carême, en semaine professionnelle, avec des podcasts disponible en ligne en milieu de matinée chaque jour. S’il vous est impossible d’aller à une retraite, en ville, c’est la retraite qui vient à vous.

Quant aux aftermovies, réalisés avec une grande qualité par des bénévoles, ils permettent de partager la dynamique de ce qui s’est vécu dans les évènements.

En très large partie porté par des paroissiens bénévoles, la présence de la paroisse sur le Net est précieuse, et permet à bien des gens de pouvoir prendre conscience que l’Église est un lieu dans lequel tant de bien se fait et se vit.


[1] Conseil pontifical pour les communications sociales, L’Église et internet, 22 février 2002, texte disponible en ligne : https://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/pccs/documents/rc_pc_pccs_doc_20020228_church-internet_en.html (vérifié le 26 mars 2024).


Autor

  • Jean Bosco Devaux

    Jean Bosco Devaux est curé de la Paroisse saint François de Sales à Genève. ||| Jean Bosco Devaux est curé de la Paroisse saint François de Sales à Genève. Il est titulaire d’un Master 2 en théologie et a été doctorant pendant trois ans à l’Institut Catholique de Paris. En poste à Genève depuis plus de 10 ans, il a été, entre autres, aumônier d’université à Lomé (Togo) pendant deux ans, volontaire auprès des sœurs de Mère Teresa à Calcutta pendant un an et aumonier de jeunes pendant plus de 10 ans en France.

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You may use these HTML tags and attributes:

<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.