Bahá'íe  ·  État et religion  ·  Reconnaissance de l'État
Roya Blaser

La relation entre l’État et la religion du point de vue des bahá’ís

Le rôle de la religion dans la société est aujourd’hui remis en question par de nombreuses personnes et souvent est perçu comme ralentissant le progrès de l’humanité. La religion est utilisée comme prétexte pour mener des guerres, pour justifier des préjugés, pour diviser plutôt que d’unir. Sur la base des écrits de leur foi, les bahá’ís voient dans la religion une source de bien-être et de transformation individuelle et collective. Pour soutenir ces points, il existe la possibilité pour l’État de reconnaître une communauté religieuse et d’établir ainsi, du point de vue des bahá’ís, un partenariat fort entre l’État et la communauté religieuse afin de contribuer ensemble de manière positive au changement social.

«La religion devrait unir tous les cœurs et faire disparaître de la surface de la terre les guerres et les querelles, donner naissance à la spiritualité et apporter vie et lumière dans tous les cœurs. Si la religion devient une cause d’aversion, de haine et de division, il serait préférable de s’en passer, se retirer d’une telle religion serait un acte véritablement religieux. Toute religion qui n’est pas une cause d’amour et d’unité n’est pas une religion. Tous les saints prophètes étaient comme des médecins de l’âme ; ils donnaient des recettes pour la guérison de l’humanité ; c’est pourquoi tout remède qui cause la maladie ne vient pas du grand et suprême médecin» (tiré des écrits bahá’ís). Les bahá’ís croient que toutes les religions proviennent d’une seule et même source divine. Ils comprennent cette religion de Dieu comme un événement progressif. Les fondateurs de religions sont les grands éducateurs de l’humanité. Ils définissent les critères de leur époque et sont les moteurs d’une culture en constante évolution.

L’État et les communautés religieuses en tant que partenaires

La vraie religion est une source d’amour, de respect et d’unité et, en fin de compte, elle devrait être source de transformation – au niveau individuel et collectif. Elle devrait servir de base à l’établissement de relations solides entre les individus, les communautés et les institutions dans des contextes sociaux différents et complexes. Dans la religion, nous voyons des individus inspirés à «œuvrer à l’amélioration matérielle et spirituelle pour tous, à voir leur propre bonheur dans celui des autres, à faire progresser l’apprentissage et la science, à être un instrument de joie véritable et à animer le corps de l’humanité».

Avec ces idées en tête, il est clair que l’État peut s’appuyer sur les enseignements de différentes religions et de leurs adeptes pour rassembler les gens, définir des règles de conduite et promouvoir le changement au niveau des individus, des communautés et des institutions. La relation entre l’État et les communautés religieuses devrait être celle de deux partenaires travaillant ensemble, tirant parti de leurs forces respectives et contribuant ensemble au changement social.

Un monde uni et pacifique

Dans les quartiers et les communautés du monde entier, les bahá’ís et ceux et celles qui partagent leurs idées travaillent à la réalisation de la vision de Bahá’u’lláh, le fondateur de la Foi bahá’íe, d’un monde uni et pacifique. Le grand objectif de ces efforts est de construire une communauté et des modèles d’action associés qui incarnent le principe de l’unité de l’humanité : une unité dans laquelle la diversité est valorisée en tant que richesse, les systèmes de domination et d’exclusion sont abolis, tous les peuples sont considérés comme des frères et sœurs spirituelles, le travail est effectué dans le sens du service à l’humanité, les préjugés sont abolis, ce qui entraîne un progrès spirituel, social et matériel.

Ces principes et idéaux de Bahá’u’lláh reflètent les aspirations de nombreuses personnes. Mais transformer la société de manière à ce que cela s’exprime collectivement est un grand défi. Les individus, les communautés et les institutions du monde entier qui s’inspirent des enseignements de Bahá’u’lláh relèvent ce défi. Elles s’efforcent d’utiliser la lumière de ses enseignements pour transformer la société qui les entoure.

Avec une attitude d’apprentissage consciente, elles développent des programmes d’action pratique centrés sur des principes spirituels tels que l’équivalence, l’unité et la justice. En encourageant les enfants, les jeunes et les adultes, elles favorisent la transformation des individus et de la société. L’expérience ainsi acquise favorise une participation active et efficace à différents discours de la société, tels que le changement climatique, l’égalité entre les femmes et les hommes, les droits de l’homme et le dialogue interreligieux.

La reconnaissance crée le partenariat

Les bahá’ís considèrent que les tâches de l’État consistent, entre autres, à assurer l’éducation et la formation pour tous, les communautés religieuses pouvant assumer la responsabilité de l’éducation éthique main dans la main avec l’État. La réglementation de l’infrastructure, du droit, de l’ordre et de la sécurité doit être considérée comme un service de l’État à la société. Les bahá’ís soutiennent pleinement la charte d’IRAS COTIS dans laquelle il est écrit : «IRAS COTIS est une association nationale de communautés religieuses et de collectivités qui s’engagent pour la liberté de religion et pour la coexistence pacifique des communautés religieuses en Suisse et qui s’engagent pour des approches constructives de solutions aux problèmes dans les questions de potentielles tensions entre la société, l’État et la religion».

Des enfants bahá’ís se produisent lors de la Semaine des religions à Lausanne.

La contribution potentielle d’une communauté religieuse à une société peut être encouragée par l’État par le biais d’une reconnaissance. La reconnaissance crée un partenariat dans lequel on coopère en toute confiance pour le bien de la société. Elle peut être formelle, mais aussi informelle, une reconnaissance formelle constituant un partenariat plus fort. Outre la reconnaissance, l’autorisation de louer des locaux, de participer à la vie de la société au niveau local et d’obtenir une voix dans les forums publics, par exemple, est également une manière de reconnaître les contributions précieuses des communautés religieuses.

La religion, qui unit les cœurs et fait disparaître les guerres et les conflits de la surface de la terre, apporte une contribution précieuse à la société.

La reconnaissance formelle a donc un effet symbolique positif, mais elle ne détermine pas à elle seule la valeur d’une communauté religieuse. En ce qui concerne la reconnaissance de la jeune communauté bahá’íe, elle existe dans différentes parties du monde. En Allemagne, par exemple, elle est pleinement reconnue en tant que corporation de droit public. La Suisse ne reconnaît pas formellement la communauté bahá’íe, mais il existe déjà une relation de partenariat à différents niveaux et donc une reconnaissance informelle. Celle-ci constituera la base d’une future reconnaissance formelle, à laquelle les bahá’ís aspirent et qui est actuellement demandée au niveau cantonal.

La religion, qui unit les cœurs et fait disparaître les guerres et les conflits de la surface de la terre, apporte une contribution précieuse à la société. Pour encourager cette contribution, un État peut reconnaître formellement une communauté religieuse et créer ainsi deux partenaires qui travaillent ensemble avec leurs forces respectives et contribuent ensemble au changement social.

Autor

  • Roya Blaser

    Mitglied der Baha’i Schweiz, ehemaliges Vorstandsmitglied von IRAS COTIS ||| Roya Blaser aus Basel ist Mitglied der Baha’i Schweiz und ehemaliges Vorstandsmitglied von IRAS COTIS. Sie ist Mitglied des Lokalen Geistigen Rates der Baha’i von Basel. Sie ist diplomierte Architektin der ETH Zürich.

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